Thérapie de grou-ou-oupe

Je racontais ici mercredi que je n’allais pas très bien.

Quand j’écris ce genre de texte, c’est pour deux raisons.

  1. L’écrire et l’exprimer me fait du bien. J’ai besoin de le sortir.
  2. C’est un appel à l’aide. À mon entourage et à l’univers que je ne vais pas top.

Sauf que le soir où je publie ce genre de texte, quand on m’écrit un petit mot, je ne réponds pratiquement jamais. Je ne suis pas certain du pourquoi.

Ça me fait du bien de recevoir le message. C’est comme une preuve que j’existe assez pour compter pour quelqu’un. mais je ne réponds pas. Je cherche vraiment à comprendre. Peut-être parce que j’ai honte d’avoir eu besoin d’aide ou de l’avoir demandé si explicitement? Je ne sais pas si c’est juste ça.

J’ai juste envie d’aller me coucher et d’affronter tout ça le lendemain pour voir si j’aurai plus le courage d’affronter tout ça et de répondre. Je me dis que je dois souvent avoir l’air bête pour ces gens-là.

Cette fois-ci, le lendemain, j’avais ma thérapie de groupe en après-midi. Regarde bien Monsieur Paradoxe aller.

En partant, je n’ai pas le goût d’aller là-bas. Je sais que j’ai besoin de thérapie. Je sais que j’ai besoin de socialiser. Rationnellement, je le sais, mais je ne file pas pour ni un ni l’autre. Mais j’y vais. C’est l’avantage que je vois aux trucs à une heure précise en temps de dépression. Je ne peux pas les repousser au moment où ça me tente et ne jamais les faire.

Je me présente donc à reculons.

Mais ce qui est cool avec la thérapie de groupe, c’est que t’écoutes les autres avec leurs problèmes, et ça, ça me sort des miens. On peut les aider, eux. Et un truc qui m’étonne encore, même si ça arrive souvent, c’est combien je peux me mettre à cabotiner quand je me ramasse en groupe.

« Ah, l’humour d’Eric. »

D’ailleurs, dans notre thérapie de groupe, il y a un bout où ils font des petits compliments à tout le monde et moi, toute ma vie, j’ai l’impression qu’on a toujours fini par me complimenter sur mon humour, mais j’haïs ça. J’ai l’impression que ce n’est pas un vrai compliment. On donnerait le même compliment à un mononc’ qui raconte des jokes poches à qui on a rien d’autre à dire.

Mais bon, je ne fais pas que déconner aux rencontres. J’essaie vraiment d’être pertinent et mine de rien, après autant d’années de thérapie, d’introspection et à m’intéresser à la psycho, je m’en viens avec du bagage. D’ailleurs, l’autre fois, j’ai reçu un compliment que j’ai apprécié pour vrai. Je ne me souviens pas tout à fait de la formulation, mais on disait en gros que j’apportais une aide pertinente, mais aussi qui n’allait pas nécessairement dans le sens que la personne ou le groupe voulait entendre, mais que c’était toujours fait dans le respect et dans la bienveillance et bref, c’est peut-être pas claire, mais celui-là, je l’ai apprécié.

Mais ce dernier jeudi, j’aidais avec une coche d’humour plus élevée que d’habitude et même moi je me disais à l’intérieur : « crime que ça va clasher avec ce que je vais raconter quand ce sera rendu à mon tour ».

Il faut savoir que dans ces groupes-là, c’est souvent la même dynamique. Généralement (il y a plein d’exceptions), les gens qui commencent sont ceux qui aiment le plus parler alors ils prennent plus de temps et après ils restent tous les plus gênés qui repoussent le plus possible leur tour et qui se partagent les dernières minutes.

Et là, c’est tombé sur la fois où la rencontre devait finir plus tôt et mon tour est tombé à… 5 minutes de la fin. Mais comme j’avais déconné tout le long, tout le monde pensait que j’allais super bien et que ce n’était pas si grave.

C’est ça qui est spécial. Je n’ai pas été fake pendant les trois heures où je déconnais. C’est juste la dynamique qui change. J’oublie mes problèmes et rien ne parait.

On pense souvent que les gens qui se sont suicidés devaient montrer des signes à leur entourage, mais c’est loin d’être aussi simple. Et ce n’est pas forcément parce que tu le caches.

Pour mon petit cinq minute, je suis vite venu le coeur gros parce qu’on s’est concentré sur mes enjeux, mais quand ça reste dans un contexte social où on ne parle pas de moi, ça peut ne pas paraitre pantoute. Même que ça va me faire du bien.

Ce qui est difficile, c’est de provoquer ces situations sociales en contexte de pandémie. Ce que j’aime avec la thérapie de groupe, c’est que justement, je n’ai pas à y aller en me forçant à être de bonne humeur. Là, je suis arrivé avec ma baboune et je savais que personne ne me jugerait là-dessus. Il n’y avait pas d’attente et je suis sorti de mon état bouette à mon rythme.

Mais là, tout le monde filait cheap que je n’aie pas eu le temps. La thérapeute a dit qu’on m’appellerait cette semaine pour compenser et le groupe est aussi resté pour jaser, même si je me sentais tellement mal de retenir le monde que j’écoutais à moitié. C’est drôle parce qu’on est tellement différent un de l’autre mais on est vraiment rendu une équipe qui se tient full.

Aussi, la thérapeute m’a rassuré sur la durée de la thérapie qui devait se terminer bientôt. J’ai commencé en mars où j’étais à mon meilleur et que je m’étais évalué à 7/10. Là, il y a deux semaines j’étais à 4/10 et cette semaine, je me serais mis 3. C’est épeurant de penser que c’est là que je vais me ramasser tout seul.

Et un autre paradoxe, je pense que j’achève la thérapie. Je sens que je vais bientôt être bon pour me tenir debout sans tout ça. Pour un bout, en tout cas. Mais pour le moment, avec l’isolement de la pandémie, le timing serait stupide.

D’ailleurs, j’ai fait accroire à une amie guidoune que j’étais en thérapie parce que j’étais addict au sexe. Genre, des filles profitaient de moi parce qu’elles savaient que je ne pouvais pas dire non et ça bouffait tout mon temps et c’était pas cool quand elles étaient plusieurs. :)

Elle disait que je n’avais pas besoin de shrink pour ça et qu’elle pourrait me régler ça. Ça fait plusieurs personnes que je pogne de ce type-là. Ils disent que les psy sont inutiles, mais que eux, ils pourraient régler le fuck. Ça itoo, c’est un paradoxe intéressant.

Et bonne nouvelle, j’ai recommencé à écrire.


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Commentaires

Une réponse à “Thérapie de grou-ou-oupe”

  1. Avatar de Dom
    Dom

    Depuis que je te « connais », tu travailles fort pour devenir une meilleure personne et surtout pour être bien avec toi même. J’ai vu les bas, les moins bas, les hauts, etc… Et tu ne lâches pas. C’en est une, ça, une belle et grande qualité. La persévérance.
    *Hug à distance*

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